Le Roc d’azur – 2007

Roc d’azur 2007 par Nicolas

Une semaine et demie de vacances pour profiter pleinement du Roc. Après être descendu en voiture avec un crochet au Viaduc de Millau, j’atterris au camping. Sur les lieux le « la » est donné. Des VTT à perte de vue… sur les toits, à l’arrière des voitures et des camping-cars, adossés aux arbres, sur leur trépied, désossés, j’ai vraiment le sentiment de ne pas m’être trompé d’adresse et que le Roc sera à la hauteur de mes espérances.

art_bkbalade_roc200701.jpg Le lendemain, quelques coups de pédales pour reconnaître la ville de Fréjus et le salon sur la ‘base nature’. J’ai ensuite troqué mon vélo contre ma voiture pour patrouiller le long de la côte, en passant par la promenade des Anglais, la Croisette, l’hôtel Grimaldi, le port de plaisance, le casino, les V.I.P., les caisses en ligne Ferrari, Bentley, Lamborghini, Mercos, Twingo… les bandits manchots faisant scintiller
les pépettes !

Le 12 octobre à 14h00, finis le strass et les paillettes… les choses sérieuses commencent. Passant par les boxes pour vérification des dossards et des puces, me voilà sur la piste de départ. Nous sommes plus de 500 à titiller notre mécanique.

Encore quelques vérifications pour voir si les pneus de mes concurrents sont réellement gonflés, au cas où je pourrais en retarder quelques uns : leur dévisser l’axe de roues, saboter les maillons de chaîne, démanteler leur potence, le système de câblage, leur délasser les chaussures, mettre de la colle sur les selles… et là, au moment où je m’apprête à passer à l’acte, un inconnu vététiste m’interpelle :
« – Salut ! Tu es de Coutances ? »
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Pris de surprise, je lui réponds « – Eh oui ! ».
Il m’a démasqué. Je ne suis pas malin, j’ai oublié la cagoule ! Je porte seulement un casque, des mitaines, une veste verte avec le nom du club avec qui je roule  régulièrement. Ah, merci l’incognito!
Il m’a permis de revenir à la raison et me rappeler que j’étais un Békanabiste avec une morale « toujours aider son prochain … à ne pas finir son parcours », ou bien « le but n’est pas de finir premier mais d’être le seul à l’arrivée » !
L’inconnu, Bernard, est de Belval et actuellement en repos chez la famille.
art_bkbalade_roc200703.jpg Bref, tout cela cloîtré entre les grilles, les uns contre les autres ; les esprits gambergent, le départ proche.
Comment partir? Sur les chapeaux de roues, à la papa, se faire remarquer en queue de peloton, tout simplement faire demi-tour ? Impossible, il y a trois fois plus de vététistes derrière que devant.
La pression monte, les spectateurs nous encouragent, applaudissent. 3, 2, 1, GO !

Je me croyais sur une piste d’aviation, des ailes vont se déployer, je vais survoler tout le monde, la tête dans les commandes, vue sur le compteur. La vitesse augmente, je slalome entre les adversaires, j’ai en tête mes ennemis : les monts, cols Flûte, Bougnon…
La rage monte en moi… je vais les dominer, les anéantir, les aplanir ! Je vais faire de ces côtes une lande digne de celle de Pirou. J’irai jusqu’au bout, jusqu’à ce que j’en puisse plus.

Au bout de la ligne droite de départ, mes capacités physiques me font revenir sur terre : manger la poussière, faire du coude à coude… je relève la visière et la tête du peloton se trouve bien loin devant.
Les premiers kilomètres sont avalés rapidement. Malgré la masse de participants, les chemins sont roulants mais encombrés de badauds marchant à cotés de leur vélo. Nous nous gênons peu bien que nous soyons nombreux.

Tiens, je passe devant le camping où je crèche. 4 agités, «Les Diablos », mes compatriotes de St-Lô sont là «- Allez Bebel !»Sur quelques passages étroits et techniques, certains sont à l’arrêt et s’accaparent le chemin pour eux seuls. Je leur excuse leur chute. Je souffre autant qu’eux à monter ces cols difficiles mais surmontables. Les descentes sont violentes, on prend vite de la vitesse mais c’est piégeant à cause des crevasses. art_bkbalade_roc200704.jpg

 Il y a d’autres passages intéressants comme celui des douaniers mais avec beaucoup de marches, il faut descendre trop souvent de la selle, le tout en file indienne.

Dernière grosse difficulté : le passage sur le sable de Saint Aygulf. 300 m suffisent pour vous achever.
Cependant, les 28° et le soleil, la plage et les aficionados du bronzage, les baigneuses… joli lot de consolation qui fait oublier les douleurs. Encore un ravito sur le parcours et l’arrivée est en vue à l’horizon mais, le parcours nous détourne vers un petit marécage qui se rapproche enfin du terrain de la Normandie.
Sur la ligne d’arrivée, la foule, sur un grand écran, son nom, son temps et sa position et là, je suis surpris par le nombre de participants déjà arrivés sur le tarmac ; je suis 70éme. Mon plan machiavélique du début à presque marché ! Sûr et certain, 10 km de plus et j’aurais été seul en tête à l’arrivée.

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Le soir, petite finale France – Argentine au rugby, défaite. Tout le monde rentre chez soi.

De toute façon, il fallait une bonne nuit de sommeil car « les Diablos » participent à la rando roc noire (55 km & 1450 m de dénivelé positif) le lendemain et moi, je remets le couvert sur le roc rouge, un parcours moins exigeant de 22 km avec la même rage que la veille et moins d’appréhensions. Je l’ai engloutis en 1h02’22’’, pas de classement pour celui là.

Mais aucune casse, aucune mauvaise chute de quoi repartir serein pour flâner dans les couloirs du salon voir toutes les nouveautés 2008, le championnat du monde de BMX (impressionnant ! l’aisance des compétiteurs). Le circuit est ouvert à tous : j’ai enfourché mon VTT, franchis quelques bosses puis 2, 3 tours, cela devient un parcours du combattant lorsque l’on prend de la vitesse et l’on manque de technicité surtout avec un vélo non adapté à ce type de terrain.

Voilà, le périple se termine. Aucune déception à part celle de l’équipe de France au rugby.

Le roc nous plonge dans le monde de la compétition où l’on peut se mesurer aux champions sans voir une réelle barrière entre les licenciés et les amateurs.